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Florent Zarka (*3 juin 1967)

Florent Zarka (4 janvier 1986, après moins de quatre heures de sommeil)

À une époque où tant de gens sont fiers de leur haine, il me fera du bien de me souvenir de cette rencontre lointaine: Florent et Norbert, un accord audacieux au sens musical du terme, un événement mémorable d’affection mutuelle.

D’ordinaire, une telle rencontre – la naissance soudaine d’une amitié qui s’éteint quelques semaines plus tard sans vraiment prendre fin – appartient à la sphère privée des deux personnes impliquées. Mais à mesure que la distance historique s’accroît, l’événement se transforme en une sorte de littérature latente qui attend d’être écrite. Si l’on se rencontrait à nouveau, on pourrait reconstruire cette histoire dans un dialogue nostalgique. Mais Florent est justement ‹ l’autre absent ›, celui que l’on ne retrouve plus ; c’est pourquoi je rédige mon récit en mode monologue.

Il y a d’ailleurs plusieurs êtres humains en France qui portent le nom Florent Zarka. Pourtant, les instances habituelles sur Internet restent muettes lorsqu’on les interroge plus précisément sur la personne concrète, tout de même individualisée par une date de naissance. Il peut y avoir plusieurs raisons à cela, dont certaines sont graves et d’autres moins.

C’est Walter Benjamin qui a dit que la manière la plus honorable de se procurer des livres est de les écrire soi-même. Il en va de même pour le content sur le net: si l’on n’y apprend rien sur le Florent Zarka dont il est question ici, le mieux est de l’écrire soi-même.

 

Premier chapitre: L’arrivée. Le frère. La guitare.

Le 26 décembre 1985, je descends du train à Paris Gare du Nord pour passer les vacances à Sucy-en-Brie, dans la famille de mon nouveau correspondant français. Cet échange a été arrangé individuellement par un professeur de mon lycée, il n’y a pas de jumelage d’écoles. J’ai alors dix-huit ans, mon correspondant Pierre en a quinze.

Ce qui se passe entre Pierre et moi au cours des semaines suivantes, pendant mon séjour à Paris et pendant son séjour en Allemagne en février 1986, peut être décrit de différentes manières, et je préférerais même renoncer à une telle description. La dynamique précaire de ce rapport culmine en tout cas en février avec un esclandre théâtral qui, vu d’aujourd’hui, semble aussi superflu qu’il semblait inévitable à l’époque. Mais déjà au début de notre échange en décembre, on ne nous fait pas de tort en constatant que nous n’avons pas grand-chose à échanger. Notre communication reste mince et forcée, et sans doute nous en voyons les raisons chez l’autre.

Pierre a un frère ainé de 18 ans qui n’est pas à la maison ce jour-là et n’est peut-être même pas au courant de mon arrivée. On me dit qu’il mène une vie instable et qu’il soit une sorte d’anarchiste – c’est à peu près tout ce que j’apprends sur lui le premier jour. Mon journal le désignera lors de la première rencontre comme « ce Florent, comme il doit s’appeler ».

Je remarque en passant qu’il y a une guitare dans sa chambre. Évidemment, je n’ai pas emporté de partitions pour ce voyage, mais il y a un petit répertoire classique, surtout Frescobaldi et Sor, que je joue par cœur. Florent, me dit-on, ne va certainement pas s’opposer à ce que je lui emprunte son instrument. Et cette guitare, cette musique, va jouer un rôle important dans la suite des événements.

 

Deuxième chapitre: La solitude. Le journal. La France.

Ce n’est pas la première fois que je viens en France, ce n’est pas mon premier échange. Pour mieux comprendre ce qui suit, il convient de se remémorer en bref mes dispositions psychosociales durant cette période. J’ai grandi dans la province allemande, dans une famille d’enseignants, et comme mes parents enseignent dans mon lycée, je mène ma vie pour ainsi dire dans un cadre trop bien défini. Mes compétences intellectuelles sont toujours bien en avance sur mes capacités sociales. Je me sens parfois seul, isolé, et lorsque je réfléchis dans cette période à la cause principale de cette solitude, plusieurs candidats entrent en ligne de compte : mon environnement provincial, mes défauts de caractère, mon orientation sexuelle soigneusement dissimulée, mes ambitions philosophiques et littéraires qui apparaissent à l’extérieur comme une arrogance intellectuelle volontairement entretenue. Et il faut être précis : A l’intérieur, je me sens brûlé par des sentiments qui ne doivent pas être montrés (je suis amoureux à en mourir d’un camarade de classe), et en même temps les gens qui, très concrètement, sont responsables de la répression me reprochent ma froideur intellectuelle. Cette humiliation paradoxale est une expérience continuelle de ces années précédant le coming out.

Mon journal est très détaillé durant ces années et me servira de source pour mon récit. Pendant les treize jours que je passe à Sucy-en-Brie, j’écris vingt-huit pages, et la durée totale de l’affaire Florent s’étend dans le journal à plus de cent pages jusqu’en avril 1986. Cette abondance de détails et cette intensité de la réflexion écrite sont séduisantes. En relisant le journal plus tard, même près de quarante ans après, je me perds dans la présence des événements et des sensations de l’époque. Des images souvenirs supplémentaires surgissent, un film se forme où l’on parle beaucoup, où l’on boit du thé et où l’on joue de la guitare, donc un film dans le style d’Éric Rohmer.

Je suis extrêmement francophile à cette époque. J’aime la langue : sa douceur, sa souplesse, son élégance, sa musicalité. J’aime la découpe des visages, l’expressivité, la façon de bouger, de parler et de se tourner vers quelqu’un. J’aime aussi le fromage que l’on y mange et le pain si différent de la ouate que l’on vend en Allemagne jusqu’à nos jours sous le nom de pain blanc.

Bref, j’aime tout, sauf peut-être un certain manque de fiabilité qui, selon le cliché, va de pair avec l’esprit de la culture française. Mais au fond, j’aime aussi ce manque, car il apparaît comme une expression de liberté. Ainsi, il y a une sorte de pré-érotisation des contacts humains. Quelque part dans ce pays, dans cette culture idéalisée, se trouvent les ressources spirituelles qui me permettront de me libérer, avec plus de précaution que de violence, de mon existence un peu trop rectangulaire. Et si un jour ces ressources se sentent à l’aise pour s’incarner dans un être masculin de mon âge, je tomberai amoureux. Immédiatement, sans hésitation, sans regret.


« Rêves éveillés : je me promène avec un Français à Paris, quelque part sur le Champ de Mars, sous une rangée d’arbres dénudés, car c’est l’hiver. Bruit de circulation atténué. Les pas crissent sur le gravier, et pour ceux de l’autre je trouve cela charmant. De temps en temps, on s’arrête, et le charme des mots français se mêle au charme des petits nuages de brume blanche quand il parle. » (Journal du 5 octobre 1985)


 

Troisième chapitre: L’anarchiste et le Petit Prince

« L’anarchiste a tenu sa visite inaugurale chez moi tout à l’heure (un peu avant huit heures) pour chercher un mouchoir dans l’armoire. » (Journal du 27 décembre 1985, le matin; traduction littérale)

C’est vendredi, et Florent va aller travailler ; il est employé quelque part à Sucy comme animateur dans une institution pour enfants. Il est fort enrhumé ce jour-là, et l’armoire dans laquelle il pense trouver les mouchoirs se trouve justement dans la chambre où je dors maintenant. On peut supposer qu’il ne s’attendait pas à me voir. Lorsqu’il entre, nous échangeons un «bonjour» sans présentation, puis je le regarde fouiller dans l’armoire pendant que je reste allongé dans mon lit. Après tout, je suis ici pour communiquer et améliorer mon français ; au bout d’un moment, je lui demande donc : «Tu cherches quoi ?» Il se tourne vers le lit et me renseigne qu’il cherche un mouchoir. Et comme il n’a pas réussi jusqu’à présent, je lui propose alors mes «mouchoirs de papier», qui s’appellent en fait «kleenex» en français. Il les prend, me remercie probablement et se met en route.

Mais il y a encore une autre version de cette histoire. Florent la raconte quelques jours plus tard, en ma présence, lors d’une réunion avec des amis. Il aurait en effet vu ma grosse tête aux cheveux blonds désordonnés dans le lit et aurait associé cette vision aux illustrations du « Petit Prince ». Et puis, vu sa santé fragile, il se serait demandé pour un instant s’il est une bonne idée d’aller travailler quand on hallucine de rencontrer le petit prince à la maison : « Laisse tomber, Florent, tu délires ».
«Toutefois, il est vrai», ajoute-t-il à son récit, «que Norbert est d’une certaine manière une version agrandie du petit prince.»

En effet, ma coiffure pouvait susciter de nombreuses associations, et je regarde avec un certain étonnement les images qui en existent.

Norbert en Bretagne, vers le 20 mars 1986

 

Quatrième chapitre: « Le bonheur – c’est quoi pour toi? »

Ce vendredi-là, Florent rentre à la maison vers midi. Pendant le repas, je suis témoin de l’atmosphère conflictuelle entre lui et ses parents, mais mon journal ne m’apprend rien sur les contenus de ce conflit. En plus, il doit y avoir eu une scène de présentation explicite entre Florent et moi, mais je ne m’en souviens pas.
L’après-midi, je suis en route avec Pierre pour aller voir un copain, puis la soirée se passe à la maison devant la télévision. A ce moment-là, je suis probablement encore en train de m’arranger avec mon correspondant, et Florent n’est qu’un autre membre de cette famille, que je rencontre lorsqu’on mange ensemble.

Cela changera le lendemain matin. Je cite le journal du 28 décembre:
« J’étais à peine habillé que Florent m’a invité à passer dans sa chambre. Il est très amical avec moi, curieux, pour ainsi dire. Cela me plaît bien sûr. Je lui ai joué plusieurs morceaux sur la guitare et nous avons discuté un peu. Il a lui-même appris la guitare classique ; les partitions qu’il avait là, je les connaissais en partie. […] Malheureusement, à sa question  ‹Le bonheur – c’est quoi pour toi?› je n’ai pas pu lui donner une réponse spontanée. En tout cas, il m’est de plus en plus sympathique. »

La musique que j’ai joué ce jour-là et que je jouera souvent dans les jours qui viennent est celle-ci:
Girolamo Frescobaldi: Aria detta la Frescobalda

Dans le langage émotionnel discret de mon journal, la phrase « Il est très amical avec moi, curieux, pour ainsi dire » indique déjà un certain ébranlement. Car cette attention amicale, cette curiosité insistante pour ce qui est important pour moi (la musique contemplative, la philosophie, l’écriture), apparaît comme une attaque rédemptrice contre le système de ma solitude.

Mon souvenir de la scène concrète de cette invitation initiale est d’ailleurs assez précis : Florent apparait dans la porte et me demande – regard chaleureux et encourageant, corps vivant en mouvement avec cette grâce inconsciente des dix-huit ans – si j’ai envie de passer dans sa chambre. Cela se passe avec une légèreté et une franchise que je ne connais pas. Je serais trop timide pour agir ainsi. Certes, je suis capable de réagir de manière adéquate, donc je réponds à son regard et j’accepte l’invitation sans hésiter. Mais l’initiative elle-même ne fait pas partie de mon répertoire. À ce stade, c’est Florent qui agit.

 

Cinquième chapitre: La Tour Eiffel et la chimie des transmetteurs

L’après-midi du même jour, je vais à Paris avec Pierre et nous montons à pied jusqu’au premier étage de la Tour Eiffel. Dans le journal, cela apparaît comme une sorte de programme touristique obligatoire que j’ai envie de faire. Dès la gare RER de Sucy, nous rencontrons, par hasard et successivement, plusieurs copains de Pierre, et mon français est suffisamment bon pour comprendre de leur conversation que Pierre n’a pas vraiment envie de m’accompagner. En plus, il fait froid ce jour-là. La photo ci-dessous date effectivement de cette ascension à la Tour Eiffel, l’après-midi du 28 décembre 1985.

Le soir, le journal note une rencontre à quatre dans la chambre de Florent, avec Pierre et Éric, le « meilleur ami » de Florent. Vers la fin, je joue à nouveau de la guitare, mais « pour des raisons atmosphériques quelconques », dit le journal, « personne ne pouvait écouter sérieusement après que Pierre avait commencé à rire une fois ». En fait, ce n’est pas la guitare qui fait l’atmosphère, mais les substances fumées. Je n’y comprends rien parce que je n’ai jamais fumé jusque-là, même pas de cigarettes ordinaires, puis aussi je n’ai pas d’odorat. Le cannabis est complètement nouveau pour moi. Après deux jours, je commenterai ce sujet ainsi: « Ce que j’aurais trouvé horrifiant auparavant est rapidement remis en perspective ici. » Mais pour ma part, je continue à m’abstenir, bien entendu.
Florent dira, quelques jours plus tard, qu’il m’empêcherais de l’essayer; car à la suite d’un moment humoristique que j’ai produit un soir dans une ambiance détendue, il a l’impression que je réagis de manière sensitive même à la faible quantité de drogue présente dans l’air.

Quant à ma routine quotidienne et mon programme touristique, je m’habituerai à me déplacer tout seul ; « pour Pierre, cela doit être un énorme soulagement », je note. Ceci sera la structure naturelle des jours qui viennent: journée à Paris; soirée à Sucy (soit à la maison, soit dans un café) avec des amis de Florent et Pierre en constellations diverses.

 

Sixième chapitre: Conversation d’une profondeur inattendue

Le dimanche suivant (29 décembre 1985) offre pour ainsi dire une esquisse théâtrale des conflits intrafamiliaux dans lesquels je m’enlise malgré moi.
La mère a promis de m’accompagner à Paris l’après-midi. Mais lors du repas à midi, il se passe quelque chose d’inattendu : Florent déclare très énergiquement qu’il m’accompagnera à leur place. Les parents ne sont pas d’accord et une dispute s’ensuit. Finalement, on me demande de décider moi-même qui je préfère comme accompagnateur. Je me souviens encore assez clairement de l’embarras de cette situation. Le style de l’intervention de Florent me paraît « brutal et impertinent » (ce sont les deux mots que j’utilise dans le journal), mais il n’en reste pas moins que je préférerais aller à Paris avec lui plutôt qu’avec sa mère. Et comme une solution diplomatique ne me vient pas à l’esprit à ce moment-là, je me décide en effet pour Florent après une courte hésitation.

Le programme touristique de cet après-midi se compose de deux étapes : le Louvre et Notre-Dame, entrecoupées d’une promenade sur les bords de la Seine. Au Louvre, nous nous limitons à la galerie des peintures. C’est là que j’ai pris une photo, mais Florent n’est pas visible.

Plus tard, nous allons dans un café près de Notre-Dame. « Conversation d’une profondeur inattendue », dit le journal. Nous parlons du choc que l’on subit lorsqu’on est soudainement transféré de la province de Westphalie dans un milieu métropolitain. Et je fais quelque chose que je fais souvent durant ces années-là : J’utilise le sujet de conversation pour faire une déclaration d’amour plus ou moins camouflée. Je parle donc de l’ambiance ouverte entre les jeunes, puis de mon étonnement de voir Florent faire des efforts pour moi avec autant d’insistance. Dans le journal, j’écris : « Que je l’aime bien, je le lui ai dit plus ou moins explicitement ». Mais je n’écris pas comment, en quels termes je l’ai dit.

Florent s’explique : On voit dans le regard de quelqu’un et dans sa façon de parler si on a quelque chose à échanger avec lui. Voilà pourquoi il s’est rapproché de moi. Il n’est d’ailleurs pas d’accord avec le comportement de Pierre à mon égard. Pierre, dit-il, juge trop sur l’apparence extérieure.
En lisant ce résumé de conversation dans le journal, on pourrait conclure que tous les deux, Florent et Pierre, « voient » quelque chose en moi, mais qu’ils voient des choses bien différentes. Florent ajoutera plus tard que c’était lorsqu’il m’a entendu jouer de la guitare pour la première fois qu’il a décidé de faire connaissance avec moi. Je me demande s’il m’a entendu jouer avant qu’il m’a invité dans sa chambre. Et si je me casse la tête sur de tels détails, même rétrospectivement, c’est parce que toute cette « attaque » amicale reste en quelque sorte une énigme, malgré cette explication abstraite que Florent m’a donné. Je ne suis pas « cool » ni amusant et il n’est pas évident qu’un personnage florentin aurait quelque chose à échanger avec moi.

Par contre, si l’on prend le Petit Prince au sérieux comme une référence littéraire déjà introduite par Florent dans les événements réels, on tombera peut-être sur le chapitre XXI, avec son dialogue entre le petit prince et le renard. C’est un dialogue sur l’amitié et ce qu’il faut pour créer un lien entre deux personnes differentes.

« Si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde. […] On ne connaît que les choses que l’on apprivoise, dit le renard. Les hommes n’ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n’existe point de marchands d’amis, les hommes n’ont plus d’amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi ! »

Pour Florent, je ressemble au Petit Prince dessiné. En revanche, le texte semble commenter les événements réels. Je recommande de relire l’ensemble du chapitre XXI, car pour moi, il se lit aujourd’hui comme un rêve étrange dans lequel on tente d’expliquer ce qui s’est passé et ce qui aurait pu se passer.

 

Septième chapitre: « À quoi tu penses ? »

Des rencontres avec des amis le soir, des entretiens à deux le matin, une promenade dans la neige fondante : le journal relate dans les jours qui suivent une culture d’intensité amicale, mais tout n’a pas été réellement écrit. Je me souviens que lorsque nous étions à deux, en silence, Florent me regardait parfois et me demandait : « À quoi tu penses ? » Et aujourd’hui, cette question presque intime me paraît comme l’expression la plus pure de son attention.

Je me souviens aussi de la nuit du Nouvel An. Le soir, nous sommes à une fête chez un ami de Pierre, mais vers onze heures, je pars avec Florent ; nous sommes brièvement à la maison, pas plus d’une demi-heure, avant de retrouver d’autres amis. Et pendant ces vingt minutes, on fait un thé rapide dans la cuisine, une scène que je revois parfaitement: Lumière un peu tamisée ; et puisqu’on n’a pas beaucoup de temps, je fais cela de manière quasi automatique et lui pose son bol avec un sachet pendant qu’il est assis à table. Il semble légèrement amusé et quand je le regarde, il dit doucement, en souriant: « Tu me sers ». En fait, j’ai justement la routine nécessaire qui me permet de le servir chez lui, comme une inversion des rôles d’invité et d’hôte, ou bien, pour moi, comme une routine de ménage à deux.
C’est seulement un souvenir simple, pas registré dans le journal, mais la scène pourrait illustrer l’existence d’une communauté improvisée qui en même temps reste surprenante pour nous-même.

L’autre moitié de cette nuit se passe chez des amis de Florent que je trouve agréables. Ils fument leurs joints et, bien sûr, je dois à nouveau jouer de la guitare. « Cela est inévitable », écris-je quelques jours plus tard dans le journal, « puisque toutes les connaissances et amis de Florent semblent posséder un tel instrument et Florent insiste généralement pour que je joue quelque chose. »
Vers quatre heures du matin, on se couche. On me donne un sac de couchage dont le propriétaire me dit: « Ne t’inquiète pas. Tu vas mourir de chaleur. » Florent s’oppose à cette façon de parler : « Mais tu ne peux pas dire ça ainsi ; on ne peut pas bien comprendre cette expression quand on n’est pas de langue maternelle ». Cette discussion ne se trouve pas dans le journal, mais je m’en souviens, soit parce qu’il s’agissait d’un problème linguistique obscur (la fonction de l’exagération dans les sociolectes et les langues nationales), soit parce que l’intervention de Florent m’a touché comme un surplus de soin amical.

Sacré-Cœur, le matin du 30 décembre 1985

 

Huitième chapitre: La chaleur et d’autres soucis

La chaleur. Je ne vais pas en mourir, pas tout de suite. Ma relation avec Florent est chaleureuse, mais il s’agit là d’un érotisme sans désir sexuel au sens strict. Pourtant, le corps vivant joue un rôle, sa présence pourrait provoquer un frisson, je me sens à l’aise quand il est là, à côté de moi, en face de moi. Et il me manque, quand il n’est pas là. En ce sens, je suis sur le point de tomber amoureux.

Le 3 janvier, j’ai, malgré mon programme touristique, le temps d’écrire une longue entrée de journal. J’en cite un passage signifiant:
« Comment se fait-il que je m’attache soudain si facilement à quelqu’un ? Par quels moyens Florent a-t-il réussi à me capturer si rapidement, en moins d’une semaine ? Quelle est sa volonté ? Quelle est la perspective ?
Je ne l’ai pas croisé ce matin, ni ce soir. Je ressens de l’inquiétude. Je passe quelque temps dans sa chambre ; pas seulement à cause de la guitare et du magnétophone, car ce sont tout au plus des prétextes ; mais parce que c’est sa chambre à lui, qui porte si clairement ses traits.
Je voudrais qu’il m’accompagne demain à Paris. Mais il se peut bien qu’il ait d’autres soucis. »

Les « autres soucis » qu’il pourrait avoir portent le nom de Florence, puisqu’il existe tout de même des femmes dans l’univers florentino-norbertin. Florence est une fille de notre âge, assez attractive d’ailleurs, que je vois exactement une fois sans lui parler quand je vais au lycée avec Pierre l’avant-dernier jour de mon séjour (il s’agit du Lycée Condorcet à La Varenne, je suppose).
Florent est amoureux de Florence, une relation compliquée et douloureuse, et il en parle à Éric et moi le soir du 2 janvier. J’avoue ou plutôt je déclare dans ce trialogue que je n’ai aucune, vraiment aucune expérience de ces choses amoureuses et relationnelles. « Ne serais-je pas la dernière personne à pouvoir lui donner des conseils ? », écris-je dans le journal. Mais en vérité, c’était justement là le moment où j’aurais pu dépasser les limites de ma propre perspective, de mes propres sentiments pour Florent, et de me tourner vers sa vie réelle, même si cela m’aurait demandé des efforts.

La Défense, le 3 janvier 1986

 

Neuvième chapitre: « Je me sens concerné »

Ce qui m’étonne aujourd’hui en le relisant est que Florent était capable de s’occuper des deux affaires en même temps: les exigences de notre amitié et sa relation amoureuse avec Florence.

Voilà le 4 janvier 1986:

Je réveille Florent le matin vers neuf heures et lui demande s’il a envie de m’accompagner à Paris. Il est d’accord. Je ne sais pas à ce moment-là qu’il ne s’est couché qu’à cinq heures.
Nous faisons une courte promenade à Montparnasse, mais nous entrons bientôt dans un café. Là, à un moment donné, la conversation se tourne vers le sujet de notre propre écriture, sujet qui est important pour chacun de nous deux. Je parle de mon projet de roman et évoque la relation homosexuelle entre mes deux personnages principaux.
Il est assez clair que j’ai délibérément franchi cette limite. Je n’ai pas prévu de parler du roman, mais quand le sujet est là, je saisis l’occasion.
Florent me demande alors si j’y traite l’homosexualité uniquement comme un sujet littéraire ou si je me sens concerné.
Et je réponds, peut-être après une courte hésitation : « Je me sens concerné ». C’est ce qui a été dit littéralement, et j’aime me rappeler cette formulation, la sienne que je reprends pour répondre.
Florent explique que lui-même « aime beaucoup les femmes ». Pour lui, l’homosexualité est simplement une façon de vivre ; il y a des homosexuels parmi ses connaissances et amis. Nous discutons longuement des raisons pour lesquelles je cache cela à mon entourage dans la province allemande, de la manière dont j’arrive actuellement à vivre avec et du rôle que joue l’écriture dans la gestion de cette situation. Et nous parlons aussi de mon avenir. Florent, dit le journal, me souhaite la force de vivre ma sexualité contre la répression, « parce que je ne veux pas te voir malheureux ».

Ceci est la première fois dans ma vie que je parle avec quelqu’un de mon homosexualité. Et encore aujourd’hui, je suis content et fier que c’est Florent qui a pris ce rôle d’être le premier à qui je parle. C’est lui qui méritait ma confiance.

Après cette conversation, nous allons à midi chez un ami de Florent, qui s’appelle Jean-François et qui jouera un rôle vers la fin de mon récit. Il est surveillant au lycée Condorcet. Nous mangeons à cinq et la conversation tourne autour de Florence. Voici ce que j’ai écrit dans mon journal (entrée du lendemain, 5 janvier 1986) :
« Surpris de voir Florent pleurer, surpris et un peu ému. Que je le lui reproche n’est pas vrai : lorsque nous en avons parlé hier soir, il m’a dit qu’il avait cette impression. Je suis simplement étonné de la rapidité de ses changements d’humeur : D’abord nous parlons très sérieusement et exclusivement de mon homosexualité à moi, et à peine une demi-heure plus tard, il retombe dans cet état d’esprit d’absence endeuillée ».

Je suis « un peu ému ». La vérité derrière cette expression est que je suis ému et que je ne sais pas comment l’exprimer ni quoi en faire. Alors je le regarde et il se peut que ce soit un regard noir. Le soir, je suis étonné par son idée que je lui en veuille d’avoir exprimé sa douleur.

Florent pleure. Moi-même, pendant toutes ces années-là, je n’ai presque jamais pleuré, même si j’en avais envie. On pourrait dire que je « ne savais pas pleurer », et en même temps, j’étais conscient que ne pas pouvoir pleurer était un manque, voire un danger. J’y reviendrai peut-être plus tard.

 

Dixième chapitre: Le retour en Allemagne. Les projets de voyage.

Au petit matin du 6 janvier, Florent part ; il accompagne un groupe d’enfants dans les Alpes. Ce jour-là, je me fais réveiller par lui à quatre heures et demie pour lui dire au revoir sur place, au départ de l’autocar. Lors de ce dernier au revoir, selon mon journal, « je me suis permis de le remercier – pour tout. » Il me donne une sorte de tape comme geste de consolation ; j’ai certainement l’air assez triste.

Quant à moi, je reste encore deux jours sans lui à Sucy, je vais à l’école avec Pierre le même jour et je fais un dernier tour à Paris le 7 janvier.
L’absence de Florent, écris-je, « me pèse tellement sur le cœur que je suis content de pouvoir partir ». Et lors de mon retour à l’école en Allemagne, le 9 janvier, j’éprouve « une aliénation intense, jusqu’au dégoût. »

Je pense beaucoup à Florent dans les semaines suivantes, inutile de le dire. Je change le nom du caractère principal de mon roman en « Julien ». C’était une idée de Florent, car nous avons parlé de la qualité esthétique de différents prénoms un jour. Et le 19 janvier, je note un rêve que j’ai eu:
« La nuit dernière, des rêves sur Florent. De toutes ces histoires tout à fait anodines, je ne peux que déduire ma peur de me laisser éventuellement emporter par son insouciance agile ; en tout cas, c’est elle qui m’a mis ici dans des situations embarrassantes et dangereuses. »
Et aujourd’hui je déduis de l’ambiguïté de cette description que je n’étais pas sûr si l’influence florentine sur moi était tout à fait anodine ou au contraire dangereuse.

Il y a quelques projets de voyage qui forment le cadre pour la suite des événements.
Pierre viendra en Allemagne du 6 au 15 février.
Mi-mars, je partirai deux semaines en Bretagne avec ma tante, qui aura alors 59 ans. C’est une sorte de cadeau d’anniversaire pour mes dix-huit ans (et il est évident pour moi qu’on va passer par Sucy pour voir Florent au début de ce voyage).
En été, j’aimerais partir en Norvège avec Florent. Je le lui ai proposé et il a accepté. « Des projets de voyage communs cinq jours après avoir fait connaissance, a dit Florent à une occasion à ses amis, c’est quand même pas mal. » Voilà le ton et l’ambiance de notre amitié à ce moment-là.

 

 

[à suivre]

Norbert Richter
(norbert-axel-richter@web.de)

Dernière révision: 21 avril 2025

 

Klima-Shortcut #10: Öffentlichkeit als Kränkung. Warum es in Deutschland keine Verkehrswende geben kann

Der öffentliche Personenverkehr in Berlin funktioniert eigentlich relativ zuverlässig. Das heißt: Man kommt von A nach B, wenn man weiß, wie es geht. Man kommt auch von Berlin nach Burg Stargard, wo sich mein Gartenhaus befindet. Das geht mit dem Zug in aller Regel weitaus bequemer als mit dem Auto, selbst wenn man, wie das jetzt bei mir der Fall ist, regelmäßig eine Traglast mitnimmt.

Innerhalb der Stadt würde man sich freilich nicht auf den ÖPNV festlegen wollen, denn viele Wege lassen sich zu Fuß oder mit dem Fahrrad (oder gelegentlich auch mit einem nichtmotorisierten sogenannten Kinderroller) angenehmer zurücklegen. Multimodalität in diesem Sinne ist naheliegend, wenn man nicht erst seit gestern in der Stadt ist.

Eine innerstädtische ›Verkehrswende‹ in einem qualifizierten Sinne, wie man sie etwa in anderen europäischen Metropolen (Kopenhagen, Amsterdam, Paris) beobachten kann, wird es in Berlin und überhaupt in Deutschland aber niemals geben.

Warum das so ist, kann man sich heute an einem Beitrag von Anna Mayr in der ZEIT vergegenwärtigen. Die Autorin erläutert unter dem Titel ›Trennungsbedarf‹, wieso sie sich vom öffentlichen Verkehr sozusagen aufgrund moralischer Enttäuschung abgewandt hat und in Zukunft das Auto als Verkehrsmittel präferieren möchte.

Anekdotisch liefert Mayrs Beitrag ein Zerrbild der Mobilitätsverhältnisse mit dem Tenor: Man kommt nirgends zu berechenbaren Zeiten an, und Radfahren wäre ohnehin tödlich. (»Natürlich kann man Fahrrad fahren in Berlin, aber gleichzeitig würde ich wahnsinnig gerne älter als 30 werden.«)

Den Mentalitätshintergrund der Argumentation würde ich folgendermaßen reformulieren – und damit wird auch klar, inwiefern das, was Mayr schreibt, ins Innerste jener Erstarrung führt, die die Verkehrswende in Deutschland dauerhaft unmöglich macht:

(1) Verkehr in einem von anderen Menschen bewohnten Raum ist das schnellstmögliche Zurücklegen einer Strecke, das Erreichen meines Ziels, und die Aufgabe anderer Menschen dabei ist, mich zu transportieren oder mir aus dem Weg zu gehen.

(2) Der öffentliche Raum ist eine Verkehrsfläche, die keine andere Funktion hat als die, durchquert zu werden. Idealerweise bleibt die Durchquerung als solche privat, das heißt sie findet in einer Kapsel statt, in der mir Andere nicht als Fremde begegnen, mit denen ich Räume teilen muss.

(3) Öffentlichkeit ist ein Übel, das an den Grenzen der Privatheit entsteht und den Charakter einer moralischen Beleidigung hat. Das Gute ist mein privates und familiäres Erfolgsstreben, das mit solcher Öffentlichkeit in Konflikt gerät, wenn viele verschiedene Menschen in einem urbanen Raum zusammenleben.

(4) Die eigene nichtmotorisierte Bewegungskompetenz ist so geschwächt, dass sie zur urbanen Mobilität keinen Beitrag mehr zu leisten vermag. Deshalb bleibt nur das Auto als private Transportkapsel.

(5) Wenn ich die Macht habe, ein eigenes Auto zu besitzen, habe ich auch das Recht und die Freiheit, so viel öffentlichen Raum zu besetzen, wie sich mit einem Auto besetzen lässt.

Diese abstrahierende Reformulierung hat den Vorzug, dass sie deutlich macht, auf welcher Ebene die Erstarrung angesiedelt ist. Es ist nämlich nicht nur neoliberale Naivität im Spiel (der zufolge Urbanität vor allem dazu da ist, meinen privaten Lebenserfolg zu katalysieren), sondern auch ein traditionell kümmerliches Konzept von Öffentlichkeit und öffentlichem Raum.

In Deutschland hat man für Öffentlichkeit, also für das freie Zusammentreffen von Fremden, eigentlich keine Verwendung. Es genügt, wenn ein effizienter Staat das Zusammenspiel privater Interessen verwaltet. Entsprechend müssen öffentliche Räume nicht als Begegnungsorte, sondern nur als Verkehrsflächen gestaltet sein. Die Begegnung mit unbekannten, unerwarteten Personen wird verabscheut, und es fühlt sich moralisch richtig an, sie zu verabscheuen. Im Idealfall begegnen sich daher auf öffentlichen Verkehrsflächen nur Autos als Privatisierungskapseln. Und es sind dann konsequenterweise auch diese Autos und nicht die leiblich-natürlichen Personen, die im politischen Diskurs als Träger von Freiheitsrechten in Erscheinung treten.

Einiges an dieser Theorie mag übertrieben sein, aber umso reizvoller bzw. erschütternder ist es zu sehen, wie gut sie zum tatsächlichen politischen Geschehen passt.

Literaturhinweise:

Christoph Bernhardt: Längst beerdigt und doch quicklebendig: Zur widersprüchlichen Geschichte der ›autogerechten Stadt‹, in: Zeithistorische Forschungen 14/3 (2017), 526-540.

Darin zitiert, zur Erläuterung der »Privatisierungskapsel«:

Gijs Mom: Encapsulating Culture. European Car Travel, 1900–1940, in: Journal of Tourism History 3/3 (2011), 289-307.

Klima-Shortcut #9: Kapitalismus und Klimakrise

Zu den Lieblingsideen einer philosophisch oder soziologisch inspirierten Reflexion der Klimakrise gehört, dass diese Krise der Effekt einer kapitalistischen, auf Wachstum ausgerichteten Wirtschaftsweise sei. Das stimmt auch: Die Menschen eignen sich die vermeintlich unerschöpflichen, tatsächlich aber begrenzten Ressourcen des vorgefundenen Planeten an und verwerten sie, bis beide – die Menschen und die Ressourcen – erschöpft sind.

Wenn man dies erkannt habe, sei es – so der zweite Schritt dieser Überlegung – geboten, sich in einem gemeinsamen Akt der Vernunft für eine andere, auf Suffizienz ausgerichtete Wirtschaftsweise zu entscheiden und diese in Zukunft konsequent zu verfolgen. Jede Strategie, die darauf ausgehe, die Klimakrise mit marktwirtschaftlichen Instrumenten, mit technologischem Fortschritt und ›grünem Wachstum‹ zu bewältigen, bleibe hingegen im Bann des kapitalistischen Fortschrittsbegriffs und sei insofern Teil des Problems und nicht der Lösung.

Aber ist dies wirklich die Entscheidung, die zu treffen ist? Ich würde das verneinen, denn der zweite Schritt setzt voraus, dass die Menschheit in der Weltgeschichte als ein moralisch ansprechbares Subjekt in Erscheinung tritt, das solche Entscheidungen treffen kann. Es spricht nicht allzu viel dafür, dass dies ein sinnvolles Modell ist. In der Realgeschichte geschieht beides: Eingeschlagene Pfade werden weiter verfolgt – einerseits. Und andererseits entstehen neue Ideen, die in andere Richtungen führen, bis man nicht mehr genau weiß, ob man sich noch auf dem alten Pfad befindet.

Das sind aber alles nur Metaphern. Der Mensch als Gattungswesen nähert sich derzeit durch die Veränderungen, die er an der Atmosphäre und an der Biosphäre vorgenommen hat, den Grenzen seiner Überlebensfähigkeit. Unsere Nachkommen werden, nachdem wir ihnen eine halb zerstörte Welt hinterlassen haben, für Jahrhunderte hart am Wind segeln. Was es wirklich bedeutet, auf einem drei Grad wärmeren Planeten zu leben, wissen wir nicht; dieser Zustand ist zwar in der Erdgeschichte schon vorgekommen, nicht aber in der Naturgeschichte des Menschen. Der Planet wird ein anderer sein als der, an den er angepasst ist.

Dass im Zuge dieser langgestreckten Katastrophe oder – im günstigeren Fall – im Zuge eines dramatischen Anpassungsprozesses all jene Kulturen und politische Systeme, die auf ›Wohlstand in Freiheit‹ oder ›Wohlstand in Unfreiheit‹ fixiert waren, untergehen werden und dass der Kampf um übriggebliebene Ressourcen zu genozidalen Kriegen führen wird, ist leider wahrscheinlich; dazu wären dann das ›Extremwetter‹ und der ›Meeresspiegelanstieg‹ nur eine Begleitmusik.

Solange es aber so weit noch nicht ist, hat man allen Grund, sich zur Abmilderung des kommenden Klimawandels derjenigen Instrumente zu bedienen, die eben zur Verfügung stehen: technologischer Fortschritt und marktwirtschaftliche Instrumente genauso wie Konzepte der Suffizienz.

Denn alle Theorien darüber, wie man bei der vermeintlichen Gestaltung der Geschichte zu konsistenter Erkenntnis, konsequentem Handeln und somit zu einer Art moralischer Reinheit gelangt, sind intellektueller Kitsch. Das ist nicht erst ›im Angesicht der Katastrophe‹ so. Realgeschichte ist nicht Ausdruck eines Weltgeistes, sondern Vermischung von allem, was Menschen hervorzubringen imstande sind. Und das kann unter Umständen sogar eine gute Nachricht sein.

Klima-Shortcut #8: Kartoffelbrei und andere Verbrechen

Die konkreten Aktionsformen und auch die konkreten politischen Forderungen radikaler Klimaaktivisten sind mitunter bizarr.

Man wirft mit Kartoffelbrei auf Kunstwerke. Oder man fordert einen ›Gesellschaftsrat‹ als Ersatzmodell repräsentativer Demokratie, wohl weil man annimmt, dass eine Mehrheit der Bevölkerung ›eigentlich‹ das Klima schützen will und nur durch die vorhandenen politischen Entscheidungsstrukturen davon abgehalten wird.

Ich würde dieser demokratietheoretischen Vermutung nicht zustimmen, aber darauf kommt es hier nicht an. Als historisierender Beobachter politischer Protestbewegungen ist man ohnehin daran gewöhnt, dass Aktionsformen skurril sein können, und in späteren Geschichtsbüchern wird die Frage im Mittelpunkt stehen, inwiefern und warum ein multipel gestalteter Protest letztlich erfolgreich oder erfolglos war.

Das punktuelle Blockieren des Autoverkehrs für eine gewisse Zeitspanne, indem man sich am Asphalt festklebt, gehört aus meiner Sicht zu den plausibleren Aktionsformen. Es handelt sich um eine symbolische Handlung, die dem Ziel untergeordnet ist, die Dominanz des motorisierten Individualverkehrs als ein Kernproblem ›unserer‹ kollektiven Lebensweise und als eine wesentliche Mitursache der Klimakrise anzusprechen.

Diese Aktionsform uriniert also gewissermaßen einem Elefanten ans Bein, der sowieso schon (und in Deutschland erst recht) unübersehbar im Raum steht. Einer solchen symbolischen Protestform unter sachlichen und thematischen Gesichtspunkten die Legitimität abzusprechen, wird schwierig, wenn man beispielsweise von der Perspektive des Umweltbundesamtes ausgeht und zu explorieren versucht, was eigentlich geschehen muss, um in Deutschland Klimaneutralität herbeizuführen. Der Verkehrssektor ist bekanntlich im Begriff, nichts zur Emissionsminderung beizutragen. Es ist insoweit vollkommen nachvollziehbar, dass der Protest sich genau hier, nämlich vor dem Kühlergrill eines Automobils positioniert.

Gleichwohl werden die Straßenblockaden von einer überwältigenden Mehrheit der Bevölkerung abgelehnt und einige Staatsanwaltschaften bemühen sich mit großem Belastungseifer darum, aktivistische Gruppen zu kriminellen Vereinigungen zu stilisieren. Ich vermute, dass diese Kriminalisierungsstrategie einer verfassungsrechtlichen Überprüfung nicht standhalten wird, aber auch darauf kommt es hier nicht an.

Die Ablehnung seitens der Bevölkerung kann auf zweierlei Weise gedeutet werden: Entweder mögen es die Leute nicht, wenn sie persönlich für ein Mobilitätsverhalten ›angegriffen‹ werden, das auf jahrzehntelangen strukturellen Fehlsteuerungen in der Verkehrspolitik beruht. Oder sie möchten die Früchte dieser Fehlsteuerung als ›motorisierte Freiheit‹ genießen und wehren sich folglich gegen den bloßen Gedanken, dass der abstrakt vielleicht noch befürwortete Klimaschutz, realistisch betrachtet, mit einer Verkehrswende einhergehen müsste und daher womöglich konkrete Auswirkungen auf ihr Mobilitätsverhalten hätte.

Betrachtet man das Spektrum der Lautäußerungen zum Klimaaktivismus (sei es im parteipolitischen Milieu, im Journalismus oder in der privaten Diskussion), fällt es nicht schwer, sich für eine dieser beiden Deutungen zu entscheiden.

Klima-Shortcut #7: Die Ampel als kongeniales Desaster

Das totale Versagen der Ampelregierung könnte einen fassungslos machen.

Eigentlich war die Konstellation günstig und attraktiv: Die Grünen und die FDP hätten sich zu einer Klimapolitik zusammenfinden können, in der marktwirtschaftliche Instrumente wie der Emissionshandel mit eventuell erforderlichen regulativen Instrumenten kombiniert werden, und die SPD sorgt nötigenfalls für die soziale Komponente.

Im Wahlprogramm der FDP war die Fokussierung auf den Emissionshandel und das Klimageld als Ausgleich bereits formuliert. Von den Grünen erwartet man habituell eher Regulierungen und Förderprogramme. Aber wenn die deutschen Dekarbonisierungsziele erreicht werden sollen, müssen ohnehin beide Maßnahmenregister zusammenwirken. Eine Zusammenarbeit der Parteien war also naheliegend.

Sowohl die Emissionsbepreisung als auch jede regulatorische Maßnahme können zudem ungerechte Verteilungseffekte haben. Diese müssten durch teils pauschale, teils gezielte soziale Ausgleichsmaßnahmen kompensiert werden, und zwar ohne dabei die Emissionsminderung zu sabotieren. Das ist möglich. Man muss dafür aber rechnen und denken können. Und man muss das Gemeinwohl als ganzes im Auge behalten.

In der Realität ist etwas völlig anderes geschehen. Man hat so getan, als wäre der Klimaschutz in Deutschland ein spezifisches Anliegen der Grünen, das die ›industrielle Basis‹ des Landes und den Wohlstand der Bevölkerung gefährdet, und die beiden anderen Parteien haben sich entsprechend systematisch um Bremsung und Blockade bemüht. Das Gebäudeenergiegesetz ist in diesem Zusammenhang nur eine besonders idiotische Episode. Der Emissionshandel als Kernelement der EU-Klimapolitik kommt in der öffentlichen Diskussion nur selten vor und man gewinnt den Eindruck, dass die Logik von Emissionsbepreisung und Klimageld weder in den Parteien noch in der Bevölkerung noch im journalistischen Milieu überhaupt verstanden wird. Das ist symptomatisch für die Lage, in der sich Deutschland jetzt beim Klimaschutz befindet.

Eine zielbewusst agierende und kooperierende Ampelregierung hätte vieles richtig machen können, und es ist nicht unwahrscheinlich, dass sie dabei eine große Mehrheit der Bevölkerung hätte ›mitnehmen‹ können, auch ohne alle explizit dort ›abzuholen‹, wo sie gerade stehen oder stehen geblieben sind. Eine positive Einstellung zur Transformation als gemeinsamer Aufgabe ist nicht zuletzt ein Phänomen der Diskursatmosphäre. Und eine solche Atmosphäre liegt in der Verantwortung der politischen Akteure.

Die politischen Akteure bis hinauf zum Bundeskanzler müssen aber wohl der Auffassung gewesen sein, dass ihre Verantwortung darin bestehe, vorhandene Stimmungen zu sondieren und ohne Rücksicht auf Zukunft und Gemeinwohl parteipolitisches Kapital daraus zu schlagen. Und in Deutschland ist die Angst vor Veränderung und eventuellen Wohlstandseinbußen so präsent, dass das lautverstärkende Nachplappern dieser Ängste und das Ummünzen in eine Transformationsblockade ihnen als aussichtsreichstes Geschäftsmodell erschienen sein muss.

In den Disziplinen der Verblödung und Verrohung wie auch der Irrealisierung der Weltwahrnehmung ist aber die AfD ohnehin führend. Ein Konkurrieren auf diesem Feld wird nicht erfolgreich sein.

Eine realistische, verantwortliche Politik muss reale Probleme identifizieren, muss darüber befinden, welche davon Gegenstand von politischem Handeln sein könnnen, muss verschiedene mögliche Lösungen präsentieren und sie schließlich, meistens im Kompromiss, ›angehen‹. Inzwischen ist leider unklar, ob noch irgendeine der im Bundestag vertretenen Parteien diese recht einfache Aufgabenbeschreibung akzeptiert.

 

 

Klima-Shortcut #6: Wandern und Klimaschutz

Wanderer sind besonders naturverbunden. Und weil die Wildnis, die unberührte Natur, von ihren Wohnplätzen mitunter weit entfernt ist, müssen sie öfters eine längere Anreise mit einem motorisierten Verkehrsmittel auf sich nehmen. Die psychische Umweltbilanz dieser Reiseform neutralisiert sich dadurch, dass sich in der eigenen Gefühlsökonomie beispielsweise Kerosin und Wildnissehnsucht problemlos miteinander verrechnen lassen; die bei der Anreise erzeugten Emissionen sind einfach der Preis, den ›die Natur‹ dafür zahlt, dass sie besonders geliebt wird.

Klammert man die Anreise aus, ist das Wandern allerdings eine nahezu klimaneutrale Form der Mobilität. Man geht eben zu Fuß, angetrieben von einem biologischen Verbrennungsmotor, der relativ kleine Mengen Fett und Kohlenhydrate und solche Dinge verbrennt. Das dabei entstehende Kohlendioxid wird friedvoll keuchend ausgeschieden.

Zu den unterschätzten Eigenschaften dieser Mobilitätsform gehört, dass sich der Aufwand für die Anreise beliebig abwärts skalieren lässt. Das heißt: Eine Wanderung gleich welcher Dauer könnte prinzipiell an der eigenen Haustür beginnen. Beim Wandern im touristischen Sinne geschieht das nur sehr selten; denn zumeist geht es darum, attraktive, eventuell spektakuläre Landschaften zu erkunden und in einem vorgegebenen Zeitrahmen das Naturerlebnis zu maximieren. Entsprechend lässt sich der Aufwand für die Anreise nicht nur abwärts, sondern auch aufwärts skalieren: Für das perfekte Naturerlebnis reist man eventuell schnell und weit.

Wandern ist angesichts dieser höchst unterschiedlichen Emissionswirkungen jedenfalls nicht per se ›klimaschonend‹. Das Verhältnis der Themen ›Wandern‹ und ›Klimaschutz‹ bleibt entsprechend vage, solange touristische Gewohnheiten im Zentrum der Betrachtung stehen. Aber es liegt ein Reiz darin, zu überlegen, welche Möglichkeiten sich auftun, wenn man die Perspektive etwas verändert.

Die Frage könnte nämlich lauten: Wohin gelangt man und wie weit kommt man (geografisch ebenso wie ›mental‹), wenn man anstelle der Erlebnismaximierung das Zu-Fuß-Gehen selbst in den Mittelpunkt stellt – sich also darauf kapriziert, dass diese ›Mobilität aus eigener Kraft‹, dieses ›Nicht-Angewiesensein auf eine Mobilitätsmaschine‹, das Wesentliche, nämlich ›Selbstzweckhafte‹ am Wandern sei?

Diese Frage ist glücklicherweise offen, und mit ihr auch die Frage, ob es sich um einen Verlust oder einen Gewinn handelt. Denn mit der ›Abrüstung‹ oder Herabstufung der ›Destination‹ geht auch die Abrüstung von programmierter zu bloß beiläufiger Erfahrung einher. Man erlebt also nicht mehr das, was andere an diesem oder jenem beliebten Wanderziel auch schon erlebt haben und weswegen sie vermutlich hergekommen sind, sondern man erlebt nur irgendetwas an einem Ort, den womöglich ›nie zuvor ein Wanderer gesehen hat‹. Das muss man dann zu schätzen wissen, um es genießen zu können.

Klima-Shortcut #5: Was ist Populismus?

Der Begriff ›Populismus‹ ist inzwischen mehrmals vorgekommen. Deshalb soll erklärt werden, wie er hier verwendet wird.

Populismus ist die Strategie, die eigene politische Position so zu gestalten, dass sie bei einer möglichst großen Zahl von Menschen auf unmittelbare Zustimmung stößt.

Der Name rührt daher, dass in einer solchen Strategie explizit oder implizit ›das Volk‹ angesprochen wird: als vermeintliche oder wirkliche Mehrheit, als ›einfacher Bürger‹ oder auch als besonders qualifizierte Teilmenge der Bevölkerung, die sich durch ihre Zustimmung als das ›wahre Volk‹ erweist, etwa in Absetzung von ›urbanen Eliten‹ und anderen Bevölkerungsteilen, die explizit oder implizit aus diesem ›Volk‹ ausgeschlossen werden.

Da demokratische Politik regelmäßig darauf abzielt, Mehrheiten für bestimmte politische Ziele zu gewinnen, also unterschiedliche Menschen zu gemeinsamer Zustimmung zu motivieren, ist Populismus nicht per se antidemokratisch, sondern steht in einem Verwandtschafts- und Spannungsverhältnis zu demokratischer Politik.

Allerdings unterscheidet sich die populistische Strategie von anderen Strategien der Mehrheitsfindung dadurch, dass sie auf unmittelbare Zustimmung abzielt. Deshalb werden bevorzugt aktuelle Stimmungen oder kollektive Ängste und Bedürfnisse aufgegriffen, durch die Art der Ansprache bestätigt und verstärkt und kurzfristig zu einem politischen Konsens verdichtet.

Der Vorzug solcher Strategien ist ihre Einfachheit. Komplizierte Dinge wie gesellschaftliche Interessendifferenzen, Minderheitenrechte, Verfassungsprinzipien oder Zukunftsperspektiven des Gemeinwesens spielen hier möglichst keine Rolle. Überhaupt tendiert der Populismus dazu, Aushandlungsprozesse zu überspringen und Unbedachtes als Ausdruck des gesunden Menschenverstandes zu präsentieren. Dieses Reflexionsdefizit ist gewissermaßen seine Natur.

Angesichts der bundesdeutschen Parteiendemokratie und ihrer ›Klimapolitik‹ kann man als Beobachter zudem auf die Idee kommen, zwischen bloß taktischem und essenziellem, sozusagen eingefleischtem Populismus zu unterscheiden. Bloß taktisch wäre der Populismus dann, wenn die Vereinfachung der Botschaft dazu dienen würde, Zustimmung für etwas zu erlangen, das jemand vorher durchdacht hat und für richtig hält. Essenzieller Populismus bedeutet hingegen, dass es gar kein verantwortliches Durchdenken und keine Überzeugungen mehr gibt, sondern nur noch eine Suche nach tagesaktuellen Stimmungsmehrheiten, die dann als Machtbasis für x-beliebige Parteipolitik dienen sollen.

Das Tragische an der gegenwärtigen Situation ist, dass sich die Parteien der Mitte angesichts der Herausforderung durch den Rechtspopulismus ihrerseits auf den Weg des essenziellen Populismus begeben haben. Das erklärt, wieso sie sich zwar gerne rhetorisch zu Klimazielen bekennen, zugleich aber real wirksame Maßnahmen in jedem Einzelfall sabotieren. Diese ›in sich widersprüchliche‹ Politik ist lediglich eine populistische Eins-zu-eins-Abbildung dessen, was die Bevölkerungsmehrheit ebenfalls denkt: dass nämlich das Klima zwar geschützt werden soll, aber ganz gewiss nicht durch eine politisch organisierte Dekarbonisierung der eigenen Lebensweise.

 

 

Klima-Shortcut #4: Demokratie und Klimaschutz

Eine demokratisch durchsetzungsfähige Klimapolitik müsste von der mehrheitlichen Einsicht ausgehen, dass die Dekarbonisierung eine zwar alternativlose, aber gestaltbare Transformation ist, in der es zu Verlust- und Gewinnerfahrungen unterschiedlichster Art kommen wird. Konsumgewohnheiten, Reiseverhalten, Ernährung, Wohnen und dergleichen werden sich irgendwie ändern. Manches wird sehr ungelegen kommen, manches andere wird unerwartet geschätzt werden.

Wenn man bei der Beschreibung dieser Transformation vor allem auf Verzicht und Kosten abhebt, befindet man sich auf einem falschen Denkweg, aber auf einem falschen Denkweg befindet man sich auch dann, wenn man suggeriert, es handele sich nur um einige technische Korrekturen etwa an der Antriebsart von Fahrzeugen, also um eine technische Verschönerung der Welt, während ansonsten die Wirtschaftsweise insgesamt unverändert bleiben könne.

Von dieser Einsicht in das Ausmaß, die Ambivalenzen, die Differenziertheit und Gestaltbarkeit der Transformation ist man derzeit in Deutschland weit entfernt. Deshalb wird es einstweilen gar keine erfolgreiche und zugleich demokratisch organisierte Klimapolitik geben. Politik und Öffentlichkeit befinden sich gewissermaßen in einer Transformationsstarre, die durch ein Zusammenspiel von Wohlstandspanik und habituell gewordener Zukunftsunlust in der Bevölkerung, populistischer Verlogenheit und milieubedingter Verengung der Parteipolitiken andererseits erzeugt worden ist.

Die Klimakrise war für eine ganze Weile das kollektive Gefühl, dass etwas geschehen müsse; inzwischen ist sie das Gefühl, dass etwas hätte geschehen müssen, das aber lieber doch nicht geschehen soll, weshalb man am liebsten das ganze Gefühl zu den Akten legen möchte.

So wird das also einstweilen nichts. Es würde schon gehen, aber es geht nicht.

In welche Zukunft eine mental so verfasste Gesellschaft hineintreibt, wird sich noch zeigen. Dabei ist zu bedenken, dass sich bestimmte technisch-physikalische Elemente der Transformation voraussichtlich auch ohne Beteiligung eines kollektiven Willens durchsetzen werden, und zwar gerade solche Elemente, die in Deutschland besonders umstritten sind. Dazu zählen etwa der batterieelektrische Antrieb beim ›Personenkraftwagen‹ und der Vorrang erneuerbarer Energien bei der Stromerzeugung. Sich den herbeigesehnten Verzicht auf eine Vorreiterrolle in diesen Feldern industriepolitisch als eine Strategie zum Schutz des nationalen Wohlstandes zurechtzulegen, ist gewagt, steht aber für die sich ausbreitende Hoffnung, dass am ›mecklenburgischen Wesen‹ – also am trotzigen Stillstand – einmal die Welt genesen wird.

Klima-Shortcut #3: Der Preis als Zauberstab

Preise sind wirksame Verhaltensmotive, wirksamer jedenfalls als moralische Überzeugungen.

Während die moralische Überzeugung, dass wir alle etwas für den Klimaschutz tun sollten, vor allem die Funktion hat, bei demjenigen, der sie ausspricht, ein Wohlbefinden zu erzeugen, hat ein hoher Preis beispielsweise den Effekt, dass sich jemand gegen einen bestimmten Konsumakt und für einen anderen entscheidet. Das ist ziemlich banal und lässt sich beim Betrachten des eigenen Verhaltens leicht nachvollziehen. Wenn Hafermilch wesentlich billiger wäre als gewöhnliche Kuhmilch, würde für jemanden wie mich, der ungefähr 500 Liter Milch im Jahr verbraucht, die Umstellung im Alltag unversehens zu einem ›interessanten Projekt‹. Genauso bewirkt ein plötzlich ansteigender Benzinpreis auch bei jemandem, der mit ökologischen Motiven gar nichts am Hut hat, eine Zurückhaltung bei offensichtlich überflüssigen Autofahrten.

Eine Gestaltung der Preisstrukturen von Konsumgütern kann also Dekarbonisierungseffekte haben, ohne dass irgendeine darin liegende Moralität explizit anerkannt und bei der einzelnen Entscheidung explizit berücksichtigt werden müsste.

Derzeit ist es so, dass die Preise vieler Konsumgüter die klimaschädlichen Emissionen, die mit ihrem Konsum verbunden sind, nicht widerspiegeln. Solange die Emission als solche keinen Preis hat, ist es gewissermaßen ›die Natur‹ oder die Atmosphäre, die den Konsum ›subventioniert‹, indem sie den entstandenen Schaden klaglos auf sich nimmt. Und insofern diese ›Natur‹ der Lebensraum zukünftiger Menschen ist, findet mit dem gegenwärtigen ›Raubbau‹ ein Ressourcentransfer von den zukünftigen zu den gegenwärtig lebenden Menschen statt.

Dieses Ding, dass es Zukunft für andere Menschen geben soll und dass zukünftige Lebensqualität nicht egal ist, ist eigentlich das einzige moralische Argument in dieser Überlegung. Wenn man es anerkennt, macht die Bepreisung von Emissionen Sinn. Sie ist sozusagen die allgemeinste Art und Weise, unserer ›Zukunftsverantwortung‹ oder – weniger pathetisch – dem ›natürlichen Zukunftsbezug‹ unserer Wirtschaftsweise eine Form zu geben.

Dass die sozialen Gerechtigkeitsfragen, die mit der Bepreisung verbunden sind, hier nicht mitverhandelt werden, ist übrigens dem Shortcut-Format geschuldet: Jeder Beitrag konzentriert sich auf einen einzelnen Gedanken.

Klima-Shortcut #2: Emissionshandel

Der Emissionshandel ist unter allen Instrumenten der Klimapolitik das logisch einfachste und effizienteste:

Nationale Behörden innerhalb der EU-Mitgliedstaaten versteigern Emissionsrechte an einen bestimmten Kreis von Adressaten; im Falle des EU-Emissionshandels sind das in der Hauptsache Betreiber industrieller Anlagen und in der zweiten Stufe ab 2027 (EU-ETS II) auch ›Inverkehrbringer‹, also Händler von fossilen Brennstoffen. Diese Adressaten geben zum einen die Kosten für die erworbenen Zertifikate an ihre Kunden weiter, zum anderen können sie je nach Bedarf Zertifikate an der Börse kaufen oder verkaufen. Infolgedessen bildet sich ein Marktpreis für Emissionsrechte, der sich in den Endverbraucherpreisen, etwa im Benzin-, Heizöl- und Erdgaspreis, aber auch in den Preisen sonstiger industriell hergestellter Konsumgüter abbildet.

Im Vergleich mit Instrumenten der Regulierung oder Investitionsförderung, wie sie etwa das Gebäudeenergiegesetz enthält, hat ein solches Bepreisungssystem den Vorteil, dass die wirtschaftlichen Akteure, also etwa Unternehmen und Verbraucher, nunmehr selbst entscheiden können, ob, wann und wie sich welche konkreten Maßnahmen zur Emissionsminderung für sie lohnen. Diejenigen Maßnahmen, die zu den geringsten Kosten umzusetzen sind, erfolgen zuerst.

Der Staat braucht auf dieser konkreten Ebene einstweilen nicht einzugreifen, zumal er das dazu nötige Detailwissen über die Situation der einzelnen Unternehmen und der einzelnen Verbraucher auch gar nicht hat. Er sorgt nur dafür, dass die (als Cap bezeichnete) Gesamtmenge der für einen bestimmten Zeitraum versteigerten Emissionszertifikate den politisch festgelegten Minderungszielen entspricht. Es entsteht also ein Automatismus der Emissionsminderung, der den einzelnen Wirtschaftssubjekten relativ viel Entscheidungsfreiheit lässt.

Einerseits wird die Verursachung von klimaschädlichen Emissionen auf diese Weise mit zusätzlichen Kosten belastet – das ist Sinn und Zweck der Bepreisung. Andererseits generiert der Staat durch die Versteigerung der Zertifikate jährliche Einnahmen in mindestens zweistelliger Milliardenhöhe. Würden diese Einnahmen in den Bundeshaushalt fließen, so hätte man es einfach mit einer gravierenden Besteuerung zu tun. In der ursprünglichen Logik des Systems liegt es hingegen, die Einnahmen entweder zweckgebunden für spezifische Klimaschutz-Investitionen (also etwa Investitions- und Forschungsförderung) zu verwenden oder sie als Pro-Kopf-Klimageld an die Bürger:innen zurückzuzahlen.

Die Idee des Klimageldes mag auf den ersten Blick merkwürdig erscheinen, weil das Geld irgendwie im Kreis zu fließen scheint: Was durch die Bepreisung mit der einen Hand genommen wird, wird mit der anderen zurückgegeben. Tatsächlich ist es aber so, dass einkommensstärkere Privathaushalte im Durchschnitt mehr Emissionen verursachen, also auch durch die Bepreisung stärker belastet werden als ärmere Haushalte. Das Pro-Kopf-Klimageld würde also im Durchschnitt eine soziale Umverteilung von oben nach unten bewirken – zusätzlich zu dem Haupteffekt des CO2-Preises, der darin besteht, dass klimaschädliche Konsumgewohnheiten unattraktiver werden.

Dass ich die Grundideen des Emissionshandels und des Klimageldes hier quasi didaktisch dargestellt habe, liegt daran, dass sie in der öffentlichen politischen Diskussion völlig unzureichend präsent sind, obwohl sie zum Kernbereich der EU-Klimapolitik gehören. Für diese Diskrepanz dürfte es politische und gesellschaftliche Gründe geben, die in weiteren Beiträgen erörtert werden sollen.